Exercice de style impopulaire, la lettre d’acandidature et de démotivation gagne à être connue. Mais, me demanderez-vous, comment maitriser cet outil indispensable à toute non recherche de travail ? Tout simplement grâce à ce petit manuel anarcho-surréaliste, qui vient aimablement en aide aux non demandeurs d’emploi du royaume. Christophe Kauffman signe ici une œuvre à contre-courant, faussement légère.
Au départ, cela n’a l’air que d’un petit recueil irrévérencieux, amusant, potache. On le lit d’une traite ou par petits bouts, c’est comme on veut, ou comme on peut. De lettre en lettre, le sourire grimace au fur et à mesure que la plume dénonce, moque, conspue, sous ses airs de ne pas y toucher. On se surprend à avoir mal: mal à la société, cette société qu’on essaie d’aimer malgré ses travers gros comme des camions, ses injustices sociales, son capitalisme exacerbé, l’absurdité de la routine métro-boulot-dodo – tous ces défauts que l’on élude ordinairement et que Christophe Kauffman nous jette à la figure avec style et humour.
Attention, lecture à distiller, se savoure par petites doses.
Un livre à sourire, et à réfléchir.
Morceau choisi : « Au contraire, la vision matutinale des soubresauts provoqués par le réveil d’une ville à l’heure où les prolétaires s’en vont, gamelle à la main, gagner à la sueur de leur front les bénéfices de leurs actionnaires m’emplirait plutôt d’une sorte de béatitude quiète dont je n’exclus pas qu’elle soit due en partie au fait que je ne suis pas des leurs. »