Plus réaliste encore que son prédécesseur, le second volet des Éprouvés suit les (més)aventures de deux survivants : le sociologue Hector Detroie, et l’unique rescapé du massacre du directoire de l’Alliance des Éprouvés. Le premier prêche toujours, envers et contre tout, l’abstention électorale de masse. Le second cherche à se venger. Tous deux souhaitent rester en vie.
L’angoisse monte d’un cran. Le malaise installé par Les Éprouvés s’étend dans Les Noirs Avènements.
Ça conspire à tous les étages, surtout au sommet du gratte-ciel. Les ennemis des décideurs de l’ombre ont la vie dure – voire plus de vie du tout.
Ce qui indignait le quidam dans le premier volume passe pour de la magouille de cour de récré à côté des machinations inhumaines qui se trament en coulisses. Quand le credo des assassins semble être « les femmes et les enfants d’abord », on a un peu envie de refermer la boîte de Pandore qu’on tient entre les mains. De tout oublier à grand renfort de fleurs de Bach, de lavages de cerveau télévisuels et autres alcools à bas coût – mais à degré élevé.
La frontière entre réalité et fiction devient si ténue qu’on la place soi-même à l’endroit où l’on estime que commence ce qui ne peut, ne doit, ne devrait, ne devra pas exister.
Côté forme, on assiste à un lâcher de lest stylistique au profit d’un fond qui dénonce avec pédagogie, pour en arriver à un récit beaucoup plus descriptif. Détaillé. Minutieux. Didactique. Émaillé de dialogues efficaces qui aèrent le texte.
L’ensemble est réussi mais oppressant. Ou réussi car oppressant. Les Noirs Avènements laisse de lancinantes interrogations plein la tête. C’est avec talent que Richard Lorent brouille les pistes, sème le doute, instaure la confusion.
A lire, à réfléchir. En attendant la suite avec impatience – et comme une vague appréhension.