Les Noirs Avènements (Les Éprouvés #2) – Richard Lorent (Editions du Basson, 2017)

noirsavPlus réaliste encore que son prédécesseur, le second volet des Éprouvés suit les (més)aventures de deux survivants : le sociologue Hector Detroie, et l’unique rescapé du massacre du directoire de l’Alliance des Éprouvés. Le premier prêche toujours, envers et contre tout, l’abstention électorale de masse. Le second cherche à se venger. Tous deux souhaitent rester en vie.  

L’angoisse monte d’un cran. Le malaise installé par Les Éprouvés s’étend dans Les Noirs Avènements.

Ça conspire à tous les étages, surtout au sommet du gratte-ciel. Les ennemis des décideurs de l’ombre ont la vie dure – voire plus de vie du tout.

Ce qui indignait le quidam dans le premier volume passe pour de la magouille de cour de récré à côté des machinations inhumaines qui se trament en coulisses. Quand le credo des assassins semble être « les femmes et les enfants d’abord », on a un peu envie de refermer la boîte de Pandore qu’on tient entre les mains. De tout oublier à grand renfort de fleurs de Bach, de lavages de cerveau télévisuels et autres alcools à bas coût – mais à degré élevé.

La frontière entre réalité et fiction devient si ténue qu’on la place soi-même à l’endroit où l’on estime que commence ce qui ne peut, ne doit, ne devrait, ne devra pas exister.

Côté forme, on assiste à un lâcher de lest stylistique au profit d’un fond qui dénonce avec pédagogie, pour en arriver à un récit beaucoup plus descriptif. Détaillé. Minutieux. Didactique. Émaillé de dialogues efficaces qui aèrent le texte.

L’ensemble est réussi mais oppressant. Ou réussi car oppressant. Les Noirs Avènements laisse de lancinantes interrogations plein la tête. C’est avec talent que Richard Lorent brouille les pistes, sème le doute, instaure la confusion.

A lire, à réfléchir. En attendant la suite avec impatience – et comme une vague appréhension.

 

 

 

Les Éprouvés #1 – Richard Lorent (Editions du Basson, 2015)

19876085_10212117921256367_32377453_oQuand un sociologue vient prôner l’abstention électorale de masse face à un public d’étudiants conquis, il est loin de se douter que cette effronterie en huis clos va le placer au cœur d’un jeu dangereux – mortel – de pouvoir (politique). Lumière sur le premier volume de la trilogie Les Éprouvés de Richard Lorent, un thriller fascinant et inquiétant.

Le contexte : une droite implacable aux commandes du pays, un peuple tant ignoré qu’ignorant façon troupeau de Laitiers Belges, un réseau terroriste d’extrême-gauche, et au milieu de tout ça, Hector Detroie, un sociologue-journaliste carolo qui rappelle vaguement quelqu’un.

L’homme se retrouve, bien malgré lui, propulsé en héros national pour les uns, en homme à abattre pour les autres.

L’ensemble est soigneusement enrubanné dans un voile de fiction qui ne suffit pas à masquer les écœurantes effluves de la corruption.

Le style est maîtrisé, le rythme juste – une alternance bien pensée de long et de court, de descriptif et de percutant. Rendre divertissante la lecture de plus de deux-cent pages sur un thème socio-historico-médiatico-politique tient même peut-être de l’exploit.

Le fond n’a rien à envier à la forme, avec un scénario bien ficelé doublé d’un suspense en crescendo.

A lire entre les lignes.

Et comme le chantait Brassens : mourir pour des idées, d’accord, mais de mort lente.